Vendredi midi, Pontarlier. RDV avec la Tropper family au Buffalo pour un dernier repas.
Ambiance déconne, avec Phil et Laurence et bien sûr Troop et Miss Trooper.
On prend ensuite la route pour Courmayeur, on y arrive rapidement, mais très vite on apprend que la queue est longue, très longue.
Le temps passe vite et on se retrouve au briefing, où tout le monde est attentif sur les prévisions météo, et on y apprend que le temps est ok jusqu'à mercredi après risque d'orage en montagne.
Place à la pasta party où se retrouve, toute la famille des montagnes du Jura (Babeth, Minou, Arnaud, Trooper, Miss Trooper, des gens de Belfort, etc). Et puis vient l'heure de la dernière nuit, que je passerai dans ma voiture sur le parking du gymnase, en compagnie de pas mal de coureurs.
Au petit matin, l'ambiance est génial, il y a toutes les nationalités autour de moi, je fais le tour avec mon gâteau au noix, si des coureurs en veulent. Dernier préparatif, sac prêt, sac suiveur aussi et c'est parti pour la place de folie en compagnie de Babateh et Minou.
C'est énorme, de la musique, on a envie de danser, on déconnecte que l'on part pour 330 km.
Je reçois les derniers texto et appels des amis pour m'encourager. On en aura besoin...
On se retrouve tous, Troop sort la caméra pour immortaliser tous ces instants magiques. On déploie le drapeau "Doubs, Terre de Trail"
On se met d'accord sur la stratégie de course, qui à ce moment là est de faire la première bosse ensemble (avec Troop) et de voir pour la suite.
Ca part, la foule hurle, applaudit, mais déjà plus de Trooper, le mâlin il est parti tout devant pour filmer le départ des premiers. 1 km après, je le croise et il me dit "J'ai sprinté comme un malade pour les filmer".
Courmayeur km 00 - Valgrisenche km 48Très vite la première bosse arrive, on prend un rythme régulier, ca monte, 1500 de D+, que l'on cogne en 2h. la stratégie sera la même, se caler derrière une féminine, (et oui Mesdames, vous êtes toujours hyper régulières alors que nous, on a tendance à accélérer puis à être cuit)
On arrive au col, Troope sort la caméra. D'ailleurs on nous voit sur la vidéo
http://www.tordesgeants.it/it/media-center?type=video&name=TDG+2012 puis celle la plus à droite, au bout de 55 s).
La descente, je l'amorce à mon rythme, pour le plaisir, et voir l'état des jambes, je récupère pas mal de coureurs et au ravito en bas, je prends le temps de boire. Je vois Trooper qui arrive, mais je repars aussitôt, derrière une féminine. J'effectue toute la descente avec elle, en récupérant pas mal de coureurs jusqu'à la Thuile, premier gros ravito. Je croise Phil et Laurence, ca remonte à bloc la motivation, mais après un km du ravito,
Boulette 1 : je m'aperçois que j'ai oublié mes bâtons, demi tour, et là, tous les coureurs que je viens de doubler, ne comprennent pas ma direction. J'y croise même Trooper avec qui je ferai un petit bout de route.
Une fois le matériel au complet, je reprends un bon rythme dans cette montée qui nous mène au refuge des Deffeys. Je lâche Trooper et fait la montée en compagnie d'Eric, un toulousain, jusqu'au Passo Alto (2857m). Mais je commence à sentir que ca va pas au Top, surtout au niveau digestion, je pense que c'est peut être la chaleur, (il fait pas mal chaud). Mais le moral est là, surtout que c'est une descente hyper technique. Ca déroule bien jusqu'en bas, mais au ravito rien ne passe, je décide de patienter un peu avant d'attaquer le prochain col. Au moment de repartir, qui voilà ? Le légendaire Trooper. Qui me dit que c'est pas le top aussi. Il me force à boire du bouillon. ET on repart ensemble pour la montée 3, au col Crosatie (2829m). C'est 800m de D+, dans ma tête, je me dis c'est rien, c'est Bovine sur l'UTMB. Mais ca va pas être la même. Trooper connait de grands moments difficiles, je l'encourage puis je finis par le décrocher mais je l'ai toujours à vue. Dans le descente, je me laisse aller et la patate revient, j'envoie à nouveau, avec le souci de bien gérer pour pas avoir de problèmes musculaires ensuite. ET là, je double les coureurs par lots de 20, jusqu'à retrouver des gens qui ont mon rythme en descente. J'arrive très vite à Planaval, ravito en bas de la descente, où je retrouve Phil et Laurence. Ca fait un grand bien de les voir. Je me ravitaille, on est tout près de la première base de vie. A mon arrivée, je décide de prendre une douche et de manger. A peine le sac posé, qui je vois arriver dans la chambre ? Trooper.
On a la banane, il a bien descendu aussi. On prend le choix de dormir 2h. et de repartir ensemble.
Le problème c'est que l'on a rien dormi, trop de bruit, les gens ne respectent rien, parlent au téléphone à haute voix dans la chambre. On est fou avec Troop...
Vient l'heure du départ, on bipe à la 330 ième place... On est rentré 150...
Valgrisenche km48 - Cogne km 102On attaque la montée avec notre rythme régulier. Très vite, on se retrouve au chalet de l'Epée, plus petit et on se dit que l'on aurait du monter ici pour dormir. On repart sur un rythme régulier. On arrive au col de Fenêtre (2854m), Troop me dit que c'est celui là , qui est sur pas mal de photos, surtout le côté que l'on va descendre. Au col, on voit le chemin à suivre avec les frontales des coureurs, ca paraît hyper raide. On a la patate, on fait une descente de folie, même dans les parties les plus raides. On arrive à Rhêmes, où les visages des coureurs sont pas mal atteints, on est motivé, prêt pour les prochains cols, qui culminent à plus de 3000m.
Dans la montée, on rejoint un couple d'espagnols, on se fixe derrière la féminine, et on suit la cadence. C'est parfait, on est en dessous de notre rythme mais on se fatigue très peu. Puis la nana finit par craquer on la dépasse mais son compagnon ne s'en aperçoit pas, on se fixe derrière et après 200 m de D+, il se retourne, surpris de ne pas la voir.... Pas top la communication dans le couple ...
On prend notre rythme et on arrive au col d'Entrelor (3002m) au lever du jour. Magique...
La descente jusqu'au Eaux Rousses va être parfaite, on va dérouler. En arrivant au ravito, on y croise Thierry Blondeau, qui a dormi que 20 min. On a l'impression qu'il sort d'une bringue à 8h du mat. Il est explosé. Il nous dit partir se coucher. On y croise aussi Gabioud, je lui demande s'il a abandonné et il m'explique ses problème digestifs, il a vomit dans l'ascension du col, et il attend de voir si ca va mieux pour repartir. Je suis admiratif de voir un des favoris, ne pas abandonner et patienter pour repartir. Pas mal abandonnent quand ils ne peuvent plus jouer les premiers rôles.
Trooper arrive, en forme, et on repart pour le col du Loson, à 3300m, soit 1700 de +, une des plus grosses montées...
Elle caractérise ce Tor des Geants : Interminable....
Avec Trooper, on est en pleine forme, on monte à notre rythlme, on double quelques coureurs, on se fait doubler par des avions de chasse.
et on arrive dans un vallon, et là, ca cogne, pas un coin d'ombre, rien.
Juste un petit cours d'eau, on prend le temps de s'y tremper les jambes. Tout le monde nous redouble, mais on se sent en pleine forme.
On devine la suite de l'ascension pour le col, sans trop y croire, tellement c'est interminable. J'ose même pas imaginer cette ascension en méforme....
On finit au pied d'un gros pierrier et là, j'accélère, la pente se raidit davantage, c'est du caillou, ca me rappelle les cols au Pérou ou au Népal, on double des japonais, un couple de Nouvelle -Zélande et on arrive au col. Magique, une vue superbe de l'autre côté, et dans la tête, je me dis"une nouvelle descente". Troop arrive quelques secondes derrière, on prend le temps de profiter du col en se posant. Puis on part pour l'offensive, attaquer cette descente jusqu'à Cogne...
Elle hyper raide au début puis après ca déroule bien. La fin est un peu longue, interminable. Ca devient plat et là, on décide de courir, sur un bon rythme. On arrive à la base de vie 2, Cogne.
On y croise la femme à Arnaud. Et on y fait le choix de dormir 2h. On repartira de jour normalement.
A chaque endroit où on dort, je change mes chaussettes de contention, au ravito, on fait bien attention à prendre du salé.
Cogne km102 - Donnas km 148On repart avec Trooper, ca commence par un long plat. Puis très vite on double à nouveau Thierry Blondeau, qui a en tout dormi 45 min, et nous 4H... Il a décuvé...
L'ascension au col de la Fenêtre de Champrocher est très régulière, on monte à un bon rythme. Je croise un ancien et lui demande où il va dormir la prochaine fois, il me répond : "ca sera la première fois".... je n'en reviens pas... Pas mal de monde ne dort pas pendant les 2 premiers jours...
On arrive à la nuit au refuge Sogno de Berdzé, et là Trooper est dans son élément. C'est un ravito de dingue, crême au chocolat, tout le monde est au petit soin pour nous, il y a même un petit feu. On est trop bien. On se dit : "On est trop con, on aurait dû dormir ici".
Mais bon, le col nous attend et derrière une longue descente. En repartant, on double une fille, et là, je reconnais Ariana, avec qui j'ai fait la descente sur la Thuile, et que j'avais perdu de vue à cause de l'oubli de mes bâtons. On fait la montée les trois ensemble.
La fenêtre est à peine technique au début puis après ca déroule bien. Avec Troop, on est sur un bon rythme, on prend le temps de consulter les messages, vos messages qui nous font un bien fou.
Dans la descente, on va croiser Alex et Fred, deux gars du Sud, finisher l'année dernière 52 et 2??.
Alex est impressionnant, pas un bâton et il a même finit 9 la première édition de la Tor, mais pour cette 3 ième édition, il n'a pas encore récupéré d'un 1000km en Juin (traversée de la France en non-stop, le gaillard a quand même fait plus de 240 km en moins de 43h pour gagner.. mon temps sur l'UTMB il y a 8 ans..) ... Ils sont tous les deux adeptes des 24h..
On va faire la descente jusque'à Cogne en leur compagnie et autant vous dire, on ne va pas voir le temps passer. On a discuté tout le long. La descente est constitué de pas mal d'escaliers.
On arrive à Donnas, où il faut aller chercher très loin la base de vie...
Donnas km148- Gresonney km200Avec Trooper on décide de dormir 2h, et nos deux compères, repartent directement.
Au réveil, en pleine forme, on a bien dormi, c'est la première fois. On prend le temps de bien déjeuner et une nouvelle journée s'ouvre devant nous. Le hic, c'est que Donnas est à 400 m d'altitude et on doit monter cash à 2400m, ce qui n'est pas trop haut mais très long...
Très vite, on se rend compte qu'on a la patate avec Trooper. Il part à peine vite, je garde mon rythme régulier, en essayant de ne pas décrocher. Le début c'est un enchainement de montée et descente de +200/ -200 mais on n'avance pas en altitude....
Un premier ravito, avec une ambiance de folie, des bénévoles toujours là pour nous, de 7 à 77 ans. C'est énorme.
ET d'un coup la montée se raidit, on garde notre rythme, on double des coureurs. On arrive de nouveau à un ravito. Troop prolonge le plaisir. J'en profite pour repartir, avec le but de trouver une fontaine pour tremper les pattes. Ce que je finis par trouver rapidement. Le refuge Coda ne pointe toujours pas le bout de son nez, on passe un premier col, et la végétation change, ca ressemble à la Corse et au GR20. Des belles dalles de pierres et de gros rochers, je suis en pleine forme, ca déroule, ca me rappelle de bons souvenirs en Mai. On arrive sur la crête finale qui mène au refuge Coda. On y retrouve Arnaud, un toulousain (dossard 38), qui est un ami d'Eric, le toulousain avec qui j'ai fait un bout de route mais qui a abandonné pour des problèmes gastriques.
On y apprend que nos deux compères sont passés il y a 9 min. On a donc récupéré 1h51 dans la montée.
Du refuge de Coda, le prochain ravito est lac Vargo. Ca commence par une descente puis une deuxième très technique où on se sent à l'aise avec Trooper. On va récupérer pas mal de coureurs et surtout ce qui est bon pour le moral, c'est leur n° de dossard, ce sont quasiment tous d'anciens finishers de l'année dernière.
On arrive au ravito et là, qui on voit, Alex et Fred, étonnés de nous revoir. Ils repartent aussitôt et on s'attend à faire équipe pour le montée du col, sauf que ....
Boulette 2On est tellement en forme avec Troop qu'on ne fait pas très attention au balisage. on est sur un chemin, compose de grosses dalles en pierres, on discute et à un moment donné, Troop me dit " Tu vois des drapeaux jaunes ?" "euh.... non"
On continue à avancer en se disant que l'on va en trouver un pas loin... Puis Arrive Arnaud le toulousain, qui nous dit être sur le bon chemin, il s'en souvient de l'année dernière. Il a un GPS, vérifie et le verdict tombe, on est beaucoup trop à droite. On descend, redescend et on finit par retrouver des drapeaux. Ca monte, on a la caisse mais on se rend compte que tous les coureurs que l'on vient de doubler pendant notre "grande forme" sont repassés devant nous... On va donc perdre de nouvelles forces à recoller ce beau monde. L'ascension se fait bien, jusqu'au col Marmontana (2350m), la descente est un peu technique, je m'éclate dedans. J'arrive au ravito en bas, et j'y retrouve du monde avec qui j'avais fait la descente sur Planaval... Trooper arrive, il semble être moins en jambe que moi. Sans doute l'erreur de chemin qui le travaille.
On repart et dans la montée au col de Vecchia, Troop va connaitre un moment difficile. Pour lui c'est à ce moment là, pour moi, ça ne va pas tarder... Je suis alors en pleine forme dans la descente du col de Vecchia pour rejoindre Niel. J'aperçois au loin Alex et Fred, que je finis par recoller.
On voit un village au fond de la vallée, dans le style Chamonix depuis la FLègère. La nuit ne va pas tarder à tomber. On attaque la descente et là, c'est de nouveau une descente du Tor, interminable..
Ca monte, des + 150m, puis on redescend -150m puis ca remonte, je commence à trouver le temps long et le sommeil commence à se faire sentir. On pense dormir à Niel avec Trooper et les autres aussi.
En arrivant à Niel, on met du temps à demander s'il y a de la place, et quand on pense à demander, la réponse est : "Il n'y a plus de place, il faut aller à Gresonney..."...
Et là, mentalement ca va pas du tout, je craque nerveusement, j'ai envie de dormir. Mais rapidement, j'essaie de me remobiliser et travaille mon mental en me concentrant. Il me faut partir de suite, trouver du monde avec qui partir. A Niel, on retrouve le couple de Nouvelle-Zélande qui repart cash, je dis à Trooper que je les suis. Il faut absolument que l'on colle à un groupe pour cette montée.
Troop va mener le groupe avec Berni (N°15, qui finira 54 ième) jusqu'au col Lasoney (2363m). Je me contenterais de suivre à distance, arrivant au col, assez fatigué. Je ne vous parle pas de la descente, je serai dans un état second, ayant l'impression de dormir, mes yeux suivant les pas de Trooper. Descente du Tor... Interminable. On finira par arriver sur une route, mais il reste 6 km jusqu'à la base. On finira par la voir. Douche, repas et dodo. 2h puis 1H.
Gresonney km 200 - Valtournecnhe km 236Ca commence à sentir bon moralement.
Quand on se réveille, on voit à table, Alex et Fred qui sont arrivés de Niel.
Mais on n'a pas encore manger et ils repartent déjà. On prend le temps de s'alimenter.
La suite commence par du plat dans le village puis ca grimpe bien mais assez régulier, Trooper mène la cadence pour que l'on se retrouver rapidement derrière une féminine..., je suis derrière, ca va beaucoup mieux, j'ai retrouvé me sensations.
Peu avant le col Pinter (2776m), je reprends le relais et je mets mon rythme régulier. S'en suit une belle descente, où je vais décrocher Trooper sur un km et qui va nous faire commettre ...
la boulette 3dans la descente, je passe un premier village, je vois 3 personnes dehors, je leur demande si c'est le ravito et ils m'indiquent le village d'après, je relance et rapidement je recolle Alex et Fred. On arrive donc les 3 au ravito. Puis 15 min après toujours pas de Trooper, je commence à m'inquiéter, nos deux amis pensent repartir. et je décide de repartir avec eux, ca fait plus de 25 min et toujours pas de Trooper... je laisse un mot au ravito puis je pense que j'ai un téléphone...
je l'appelle 1, 2 , 3 puis à la 4 ième, j'arrive à l'avoir...
" T'es où ?"
"Beh au ravito "
"C'est pas possible, j'y suis"
"Ah beh non, je suis en train de manger"
"T'es dans quel village "
et c'est là qu'on a compris... les trois bonhommes qui m'ont indiqué que je devais descendre au second village, tiennent un ravito sauvage, non officiel au premier village. C'est un resto et ils arrêtent de temps en temps des coureurs pour leur faire déguster des plats italiens...
Et notre ami Trooper est tombé dans le piège (ca se comprend, quand on voit la carte...), c'est pour ca qu'on a eu une différence de 30 min sur un bip.
Je décide donc de repartir avec mes compères et j'attendrai Trooper un peu plus bas. A St Jacques, on retrouvera Alex et Arnaud (Fred est parti dormir).
On part pour une nouvelle ascension, le Col de Nana (2770m), Trooper mettra le rythme à nouveau, je reprendrai un relais ensuite.
C'est ca la force d'être à deux, on peut se relayer, partager la gestion de l'effort et aussi se soutenir quand ca va pas.
On arrivera au refuge Grand Tournalin, à peine avant une petite tempête. Et de nouveau un ravito de malade, de la salade de fruits, autant vous dire, qu'on s'est tous jeté dessus...
Du refuge il reste 150 de D+ pour le col, on repart rapidement (Alex a pris un peu d'avance sur nous, en partant plus tôt), et durant les derniers mètres d'ascension, tempête de grêle....
Autant vous dire que l'on est très rapide, ca ne traîne pas, le chemin est trempé, nos cascadia aussi, puis on arrive à un deuxième col, et là, changement de vallée, changement de temps, grand soleil...
Descente jusqu'à Valtourmenche (km 236)
A Valtourmenche, on se ravitaille bien, Trooper en profitera pour se faire masser par une jolie italienne (Ne dites rien à Sandrine...) et un petit point sur ses pieds. Pause d'1h, où je ferai des micro sieste.
Dans la tête ca va bien, on se dit plus que 100 km, ca sent bon la fin.
Valtourmenche (km236) - Ollomont (km283)On repart en pleine forme, avec une mauvaise nouvelle, Sandrine s'est fait arrêtée par une barrière horaire. On monte rapidement jusqu'au barrage, puis on devine l'endroit où a eu lieu la première neutralisation de la course, on doit redescendre bien bas puis remonter pour arriver à un refuge. On se ravitaille en vitesse et le but c'est de coller à un groupe, il fait nuit, il annonce pas du beau temps, sur cette section, où nous serons pendant plus de 20 km à plus de 2500m d'altitude, on devine au loin des frontales, on suit les drapeaux jaunes, à plusieurs endroits le vent a joué des tours, et plus de drapeaux mais nous suivons le balisage jaune du GR.
Les descentes sont exposées, très raides, je n'en reviens pas... On se prend la neige. Au bivouac Reboulaz, on s'arrête et on décide de dormir 1H30. On reprend la route pour le refuge Cuney, (on fait équipe avec deux japonais, on a de grosses difficultés à communiquer) puis pour le refuge Clermont, et là on sent seul au monde avec Trooper, pas une frontale à l'horizon, une couche de manteau blanc couvre les sentiers, c'est magnifique. Au loin, on voit une équipe de 5-6 coureurs qui arrivent à 2km derrière nous. On ouvre les portes du refuge, au pied du col Vessonaz (2788m) et on nous dit que la course est neutralisée. Il y a avec nous 2 ou 3 autres coureurs.
Direction le dodo. Quelques heures de sommeil puis un réveil où l'on se retrouve tous, ALex, Fred, Arnaud. On est 15 coureurs.
Sur le coup des 9h, l'organisation donne le feu vert pour le départ. Dehors, grand soleil avec un froid sec et beaucoup de vent, et de la neige partout (3 cm). Il nous reste 200m de D+ à monter pour basculer de l'autre côté et rejoindre Closé. (km 271)
Je pars sur mon rythme régulier, avec Troop derrière moi, on passe au col en menant le groupe et on mène également la descente. Le sentier n'est pas gelé, ca va bien, je me lâche un peu (trop ?) ca déroule, la descente est longue jusqu'à Closé. Mais ca va bien. Enfin je crois. Au village, je vois une fontaine et je me trempe jusqu'au quadri dedans pour bien récupérer et pouvoir envoyer sur le fin.
Au ravito de Closé, il n'y a rien ou presque... on est dégoûté, je pensais faire un bon repas pour la journée, mais la neutralisation est passée par là.
Nous montons pour le col Brison (2492m), durant cette ascension, je commence à sentir que j'ai du mal à plier les genoux. On est 4 avec Alex, Fred Et Trooper, Arnaud a pris un peu d'avance ne partant 10 min avant nous du ravito.
Ca devient dur pour moi, au ravito, je prends un anti inflammatoire pour la douleur. En montée ca va encore c'est surtout en descente... On franchit le col Brison et on attaque la descente sur Ollomont, très dure, je ne comprends pas, pour moi les descentes c'est toujours du gâteau mais là, je subis un truc de fou.... j'essaie de prendre sur moi et de ne pas trop ralentir le groupe, de ne pas sentir la douleur. Au bout d'un moment, j'y arrive mais c'est pas évident. Avec un peu de chance, il y aura un kiné à Ollomont qui va me remettre sur pied.
J'arriverai une minute après mes collègues à Ollomont, je n'y trouverai pas de kiné, nouveau travail sur le mental pour pouvoir résister et tenir jusqu'au bout.
A Ollomont, on a retrouvé Sandrine et des amis à Trooper. On est reparti avec une dose de gnac, pour le col Champillon (2709m), que l'on franchira au coucher du soleil, magnifique.
Mais la suite sera encore plus difficile pour moi, à la recherche de la meilleure position pour descendre, à l'envers, sur la pointe des pieds à l'aide des bâtons...
J'arriverai au bout de cette descente, et je tenais à l'espoir de trouver un kiné à St Remy?, mais avant, il fallait envoyer sur 11km de faux plat descendant, façon Tor des Geants, interminable....
Coup de téléphone à Seb puis à Matthieu (mon frère et son collègue, kinés et qui étaient de la partie sur le GR20) pour leur demander ce que je dois faire. On m'explique le strap à faire, remonter la rotule, tirer le muscle, etc....
On était 5, le temps passait vite et à St-Remy, à peine arrivé, je demandais l'aide de kiné. On me répondit, si si il y a des kinés, j'avais d'un coup retrouvé le sourire, et l'espoir qu'un kiné me fasse le strap que mon frère m'a dit au téléphone...
sauf que les kinés en Italie, ca doit pas exister. il appelle kiné les gars de la protection civile...
j'ai glacé puis dormi puis strappé et travaillé à nouveau mon mentale en me disant c'est la fin, il me reste une montée et une descente que je connais en grande partie.
Nous voilà (Troop, Alex et Fred) partis pour l'ascension du col de Malatra, j'arrivai à suivre le rythme sans trop de problème, sauf sur les portions un peu raides ou encore les moments ou je shootais par inattention dans un cailloux, c'était douloureux à chaque fois.
On arrivera sur le coup des 3h au refuge Merdeux (2600m), à peine rentré, on nous annonce que la course est stoppée (stoppée à ST Remy à 00h30). On croit d'abord que c'est neutralisé puis on voit Arnaud, qui avait pris pas mal d'avance, et nous dit que c'est la fin de chez fin. On est un groupe de 14 coureurs à être à 300m sous le col de Malatra (2936m), on retrouve le couple de Nouvelle-Zélande, des têtes que l'on connait. Ca discute trail, puis on va se coucher.
Au petit matin, on pensait que la course allait reprendre, grand soleil dehors mais l'organisation
ne lâchait pas, le col était gelé et trop dangereux. Descente jusqu'à une bergerie où on sera dans un premier temps rapatrié à St-Remy. Puis à Courmayeur.
Course magnifique où on a tenu bon avec Trooper où l'entraide a bien marché, fidèle à l'esprit "Doubs, Terre de Trail".
Mes genoux souffrait, je prenais rapidement la route pour le Doubs, le Trail du Lison est en marche et pas mal de taf m'attend... le soir j'étais à la réunion de la commission départementale, le lendemain sur la reco du Lison en tant qu'assistant et le dimanche matin aussi.
Hier (Dimanche,) je vois mon frère, pour qu'il regarde mes genoux et là le verdict tombe :
c'est une insuffisance rhénale :
pour le genou le problème est veineux et non musculaire + un problème du réseau lymphatique (l'endroit où j'ai mal est l'endroit qui n'était pas protégé lors de la tempête de neige entre mon short et les chaussettes de contentions), mes vaisseaux sont trop dilatés, je saigne beaucoup du nez, j'ai gonflé puis dégonflé depuis, et des boutons sur le front, identiques à mon coup de chaud du sportif.
Prise de sang demain matin, si c'est ca, 6 semaines tranquilles.
Le reste est nickel, les mollets prêts à courir, pas une ampoule.
Merci à toute ma bande, qui m'a aidé à préparer ce Tor, qui m' a prêté beaucoup de matos, sac, batons, chaussettes de contentions, vestes, à tous ceux qui m'ont envoyé des textos durant l'épreuve.
Et un grand merci à tous les coureurs avec qui j'ai partagé un moment de course
surtout à Alex, Fred et Arnaud
Et puis que dire de notre entente avec Trooper, partager cette Tor à deux c'était magique, on a pu compter l'un sur l'autre à chaque instant. Merci mon pote.
Jojo
[justify]