salut les traileurs , je vous mets mon cr de cette course de ouf!!! Il nous sera difficile de trouver plus dur cette fois .
La chose la plus importante pour moi n'est pas d'avoir fini ce périple ; non... l'important est d'avoir partagé tout ça avec des personnes immenses : LO mon frère de sang, Romain , que je ne remercierai jamais assez pour tout ce qu'ils m'ont offert ce we. Et Nico l'ami et le coach : quand on sait être suivi sur la toile pendant 48 heures...on a pas envie de décevoir ; c'est un plus énorme.
Merci encore à vous , les potes ; ma "victoire" est la votre...la nôtre.
L'échappée belle : voyage sur le gros tas de cailloux....l'échappée : voyage sur le gros tas de cailloux.
J+1 de l'échappée Belle, 44 h 05 de course, 145 km et 11000 de d+ : des douleurs partout, un genou gauche qui a doublé de volume suite à un choc avec un gros rocher au kil. 40 et qui m'a fait morfler tout le reste de la course.... L'impression aussi d'un grand vide après des mois à ne penser qu'à ce we...
Mais avant de conter sans être trop soporifique ce périple , il faut parler de ce que nous avons vécu LO , Romain et moi, ces quelques jours ... Il s'est passé quelque chose d'humainement énorme de notre départ jeudi à notre retour dimanche...
On se posait la question sur la route du "pourquoi on aimait faire du trail et de l'ultra"??? On aurait pu débattre de longues heures sur le sujet ... Et j'ai dit à LO : "tu sais pourquoi tu es amoureux de ta femme???... Non... Ne cherche pas, tu n'auras pas la réponse et si tu la trouves, tu ne seras plus aussi amoureux...." On court, on se met des défis, on bache ou on réussit , on prend du plaisir et/ou de la souffrance mais tout ça, on le fait librement, librement, c'est ça l'important...
Cette course, tu ne peux pas la faire que pour toi ; je n'imagine même pas que tu ne puisses pas partager ces moments ; tu le fais pour ta femme, tes gosses, ta famille ...tes potes, tes collègues... tous ces gens qui de loin ou de près, te suivent, craignent , admirent , crient au fou, sont incrédules ...
Nous avons partagé , LO, Romain et moi, plus que de l'amitié ; des liens énormes , fraternels et plus encore. Sans Romain, sans Lo, je n'allais pas au bout , c'est clair . Leur aide, leur soutien furent gigantesques aux moment les plus durs. Le dernier tronçon où Lo se remet en tenue pour m'accompagner alors que depuis des heures je cours seul dans la nuit et le brouillard ...je ne l'oublierai jamais, jamais!!!!
Départ jeudi à 10 heures ; la route est facile avec de l'autoroute tout le long ; on s'arrête manger sur une aire et nous arrivons vers 15 heures à Aiguebelle ; l'ambiance est détendue ; on refait le monde . La remise des dossards et comme j'aime ; pas de queue, accueil simple et sympa ... On récupère Sam Vernerey le patron de l'uttj et cap sur Vizille lieu de départ. Le parc est accueillant ; les potes plantent leur tente et moi je transforme ma voiture en camping car... Préparation de sacs....la tension commence à monter .
On squatte la tente du "petit déj." de l'orga pour manger le soir et...au lit. Pas moyen de fermer l'œil avant 1 heure du mat...
Lever à 4 heures , ptit déj., attente dans le hall de départ puis c'est parti, Il fait beau , pas trop chaud . Ca ne se bouscule pas ; on part tranquilou, je me mets dans la roue de LO.
Vizille -Arselle
La première montée se fait en sous bois pas trop technique un peu boueux parfois ; rien de difficile.
Premier ravito au foyer d'Arselle sympa , première banane et recharge de gourdes ; on a rattrapé Sam qui fait le relais juste avant le ravito. Nous ne sommes pas encore en haute montagne .... C'est cool mais je transpire +++ ....
Areslle-refuge de la praz :
deuxième tronçon ; Je pars un peu avant Lo car j'ai du mal à le suivre sur certaines portions . on attaque la partie au dessus de 2000m ; les lacs et le paysage sont magnifiques et ça devient plus technique avec beaucoup de cailloux déjà et de pourcentages vertigineux parfois... Lo me rattrape rapidement et dans une descente très technique, les crampes aux quadris apparaissent ; je n'ai pas assez bu et je vais morfler pendant 4 heures pour me réhydrater. Je le laisse partir pour ne pas prendre de risque de me casser définitivement ; à partir de là, la course en solitaire commence. Je me mets dans un rythme personnel et retrouve peu à peu de l'aisance. Les côtes même très dures passent bien , les descentes hyper techniques beaucoup moins...
la Praz-Jean Collet
On ne monte pas à la croix de Belledonne, les organisateurs craignant une zone de pluie rendant impraticable une partie de sa descente. Dommage...nous n'avons pas vu de pluie..
Je continue ma progression solitaire ; les écarts se sont creusés ; ce n'est pas pour me déplaire ...C'est de plus en plus technique et les crampes sont là, sournoises , m'empêchant d'envoyer en descente . Difficile de courir sans riquer de se flinguer une cheville ... Dans un amas de rocher, je me tape le genou gauche sur un gros rocher en y allant franco .... Sur le cul pendant 5 minutes en hurlant de douleur... Ce sera un handicap de plus pour les 100 derniers kilomètres...
Au ravito Jean Collet , je croise Lo qui repars déjà ; je dois avoir 20/25' de retard sur lui ; Romain est là et fait mon ravito ; c'est que du bonheur!!!
Collet- Pas de la coche :
Portion où les crampes ont totalement disparues ; elles ne reviendront plus... Des passages vertigineux... à ras la roche avec le ravin tout en bas mais des paysages sublimes ; je cours depuis un moment avec un groupe . La descente de la mine de fer est un monstre d'éboulis, terrain glissant où les bâtons sont vitaux ... Jusqu'au pas de la coche,la progression est régulière même si le rythme a bien baissé . Ravito express au pas de la coche sous une tente avec un accueil chaleureux...
Pas de la coche- Base de vie du Pleynet
Objectif : arriver avant la nuit à la base. Plus de Lo en vue mais je retrouve Dominique, un gars de Besac avec qui je vais rallier Pleynet? Profil descendant après une grosse bosse toute en gros blocs de rochers ; le col de a vache porte bien son nom (ah la vache!!!) ; nous rencontrons des chamois en haut du chemin ; on avance très lentement .
Le chemin jusqu'à la base est long en sentier en balcon ...
A la base, j'arrive et vois tout de suite Romain ; Lo est arrivé depuis 40' mais n'est pas encore reparti. Je me change de pied en cape ; pour anecdote , ma lucidité étant en baisse , je mets mes manchons jambes compressport sur les bras ...et ferai le reste de la course comme ça...mdr!!!
J'essaie de manger mais c'est de plus en plus difficile ... Lo décide de repartir avec moi et Dom.
Ca fait du bien à la tête.... Mais je me dis que si je n'arrive pas à suivre, je ne m'en ferai pas. Il reste 85 kil. Et 6000 de d+...
Pleynet-petite valloire
Après quelques kilomètres sur un grand chemin plat on attaque une montée très dure en sous bois ; de nuit, les coureurs se sont regroupés ; perso, je rentre dans mon monde, celui de la nuit et retrouve de l'élan et des repères plus proches de moi.
J'arrive à suivre Lo assez bien .On prend 1000 de d+ en quelques kils ; c'est raide, très raide!!!
Lo fait une première halte et dit qu'il n'en peut plus ; je le booste et lui dit d'aller au prochain ravito où on pourrait dormir un coup avant de repartir...
Valloire-Plan du carré
Un grande descente relativement facile quoiqu'humide nous amène à la bergerie de Gleyzin , ravito du 78 ème . Lo s'est de nouveau arrêté et là, je sens très mal l'affaire se dérouler... On arrive à la bergerie et Lo et Dom jettent l'éponge.... on est à mi course!!!! Une autre course commence pour moi ; je m'étais promis de ne rien lâcher , rien ; c'était vital pour moi d'aller au bout de cette course ....
Je repars donc seul dans la nuit ; la tête en pris un grand coup mais je sais que je continuerai coute que coute...Là, arrive une côte de 1500 de d+ , un monstre, hyper technique ; je n'en vois pas le bout ; je m'arrête toutes les 5 minutes pour reprendre mes forces ; il y a des coureurs arrêtés partout , épuisés ; on voit les frontales devant loin, très loin, haut, très haut ; cette partie se fera encore plus au mental ; j'arrive au dessus limite et là où tu espères un peu de répits , arrive une descente type "passeur de pralognan-cormet de roseland" pour ceux qui connaissent, des cordes, des parties verticales, des pierriers où les appuis sont inexistants. Puis un névé de 200m tout verglacé avec des cordes que je choisis de descendre en luge de cul!!! Heureusement, ça s'apaise ensuite mais le genou meurtri commence à être difficile à supporter.
Plan du Carre- refuge des férices
je mettrai 9 heures pour faire 20 kilomètres . Après la descente s'en suit une montée de 1000 de d+ sur une grand chemin de débardage au pourcentage hallucinant , seul, absolument seul ; je sais de plus, que les potes ne seront pas visibles avant le kil 112 (ravito de val pelouse).
Pourtant, je n'ai plus aucune notion de temps. Chaque passage que je me fixe est une borne de plus d' atteinte, un arbre, un chalet, un rocher... Les premiers mirages arrivent : je vois des camping cars, des vaches blanches à taches noires , des chalets partout ; la pipette de ma gourde siffle chaque fois que je bois et j'entends la voix de ma femme et des mes gosses... no comment!!! Riez les amis!!!
refuge des félices- Val pelouse
Encore une grosse bosse mais courte et j'arrive péniblement au ravito de val Pelouse ; et là...... Je vois mon LOLO tout au dessus qui fait des gestes et crie pour me montrer qu'il est là ; malgré tout, les potes ont fait l'effort de venir me retrouver ; il n'ont pas dormi, sont frigorifiés. Leur présence est une source de jouvence, une recharge d'énergie.... Leurs mots, des boosters énormes... les larmes ne sont pas loin. La course.... elle se "gagne" là, à ce moment là précisément ; rien ne peut plus m'arrêter...
val pelouse- grand chat
partie assez simple mais longue et fastidieuse; il s'agit de rallier le kil. 120 ; les bosses sont de plus en plus difficiles à avaler mais ont le mérite de ne pas me faire morfler le genou ; les descentes sont des chemins de croix où chaque pas me rappelle mon condyle interne ... Je vais rejoindre le dernier ravito à 14 kils de l'arrivée ; mes 40 heures prévues sont très loin mais je serai finisher.
J'arrive au ravito des pontets dans la nuit noire après une descente en forêt longue et fracassante...
Les potes m'attendent ; je suis épuisé mais j'irai au bout.
Les granges- Aiguebelle
Là..... Lo me demande si j'accepte qu'il m'accompagne... La marque d'un grand bonhomme , d'un immense bonhomme!!! Il reste 500m de d+ et 1000 de d- pour rallier Aiguebelle. Les 14 kils passent beaucoup mieux avec mon lièvre qui m'entraine dans cette fin de périple ; j'arrive de nouveau à courir certaines portions ; la descente est fastidieuse et on arrive à l'entrée d'Aiguebelle. Là, un gars me double à 1 kil de l'arrivée...faut pas me faire çà!!! Je ne sais pas où je trouve la force, mais je me remets à courir comme sur la fin d'un semi.... On finit avec LO en passant la ligne d'arrivée ; j'ai mon graal !!! j'ai réussi, putain, je suis allé au bout !!!! On ne pourra jamais m'enlever ça!!!
La petite bière de 2 heures du mat fait du bien et...je me mets à trembler de partout ... Les potes s'occupent de moi comme ils l'ont fait pendant 44 heures; je suis chouchouté à la limite de la gêne!!!! douche froide et je m'écrase comme une M...... sur le lit qu'ils m'ont préparé...
Réveil vers 8 h 30 ; je ne sais plus comment je m'appelle ... Le genou est multiplié par deux... On reprend la route tranquillement , ptit déj au passage . Je dors tout le trajet ..
Aujourd'hui est un autre jour : Yves est dans la douleur et forcément on ne peut pas être heureux ; je dédie ma "victoire" à ton papa mon Loucho. Celle là, elle est pour lui...
Lo, Romain, je vous l'ai déjà dit , ma réussite est la vôtre. C'est notre victoire, plus que sportive... humaine. Merci, Merci pour ce que vous m'avez permis, merci pour ce que vous m'avez offert et ... Forza TEAM INTERSPORT....