Gervais à toute berzingue En 29'11, le Rwandais Gervais Hakizimana a établi samedi soir le nouveau record de l'épreuve lédonienneSamedi soir dans les rues de Lons, Gervais Hakizimana est allé vite, très vite. Tellement vite que le Rwandais a pulvérisé le record de l'épreuve (29'11 contre 29'55) en donnant une fantastique impression de facilité. Chez les courageux de peloton, qui ont vu cette flèche noire leur filer sous le nez à grande vitesse, on préférait en rire. « Je courrais tranquillement et puis pfioooooooou (en mimant un avion) », rigole-t-on. « Un TGV, j'ai cru voir un TGV ». Le bolide rwandais était en effet pressé et l'avoue sans fard : il était à Lons pour faire tomber le record de l'épreuve, détenu par le Burundais Emmanuel Nduwayo depuis l'an dernier (29'55).
Pour y parvenir, le coureur de 23 ans a déjà pu profiter d'une accalmie après les grosses précipitations de l'après-midi et d'une température idéale. Conditions optimales et tactique bien rôdée. « Je suis venu ici pour battre le record, réagissait-il. Il fallait passer des relais pour y arriver et c'est ce qu'on a fait. Si j'avais attaqué seul dès le début, je n'aurai pas pu. »
Son partenaire privilégié, outre Nduwayo qui connaissait le parcours, fut Audace Baguma, passé lui aussi sous la barre des 29'55 (29'43) : « Battre le record de l'épreuve, c'était l'objectif ce soir (samedi soir) et je suis donc très content ». Au départ du peloton (300 inscrits et 278 arrivants, record de l'épreuve au mois de juin), les Africains - Baguma, Hakizimana, Musagirije et Nduwayo - prenaient immédiatement les commandes, emmenant dans leur foulée Manu David et El Yazid El Madi, les seuls à suivre le rythme… pour l'instant. Après un kilomètre, l'Arinthodien avait déjà décroché sous les coups de boutoir d'Audace Baguma qui menait grand train. Un écrémage qui se poursuivait : El Madi, au kilomètre trois, lâchait du lest quand Hakizimana s'emparait des rênes de la course. Le futur vainqueur demandait à ses compagnons de prendre des relais, sans succès.
Plus frais, il allait donc crescendo. Le premier à en payer le prix était Richard Musagirije : « Je suis déçu parce que je venais pour gagner. Mais les deux premiers allaient vraiment très vite et, sur ce parcours rapide, je n'ai pas pu les accrocher assez longtemps. » Au suivant, Emmanuel Nduwayo. Le tenant du titre coinçait au 6e kilomètre. « Je prépare en ce moment la Marvejols-Mende (25 juillet) et je manque de forme. J'étais un peu fatigué », concédait un coureur que l'on a vu, il est vrai, en meilleure forme.
On s'orientait alors entre un règlement de comptes Baguma-Hakizimina dont l'issue ne faisait guère de doute en voyant la facilité du Rwandais. « Je n'ai pas pu jouer ma carte à fond à cause d'une douleur à la cuisse », regrettait Baguma au final. Au 8e kilomètre, Hakizimina était seul, avec un dernier objectif le record. Il déboulait place de la Liberté comme il était parti (20'56 km/h de moyenne) pour s'offrir un temps qui ne sera pas battu chaque année.
En revanche, Francine Niyonizigiye n'a pu faire tomber le record établi l'an dernier pas Askale Marachi. Gagnante en 2008, 2e en 2009, la Burundaise, « contente de sa course », a en tout cas renoué avec la victoire en partant très vite. Erin Sims, 2e au final, préférait en sourire : « Dès le départ, je ne l'ai plus vue. Il y avait déjà dix mètres ». Alors, l'Américaine préférait s'épancher sur la course, passée cette année du dimanche matin au samedi soir : « J'ai eu de bonnes sensations sur un parcours que j'aime beaucoup. C'est rapide, très rapide, tout le temps. Le public était là pour nous encourager. Vraiment, j'adore cette épreuve ».
Manu David « dégoûté »Il s'était décidé mercredi à venir à Lons pour préparer l'échéance des France nationaux à Albi (3-4 juillet) au cours desquels il va s'aligner sur le 5000m pour le DUC. Mais fiévreux jeudi et vendredi, Manu David n'a rien pu faire samedi, terminant 6e en 31'39. «Ca allait mieux samedi matin alors j'ai décidé de venir pour tenter le coup. C'est rare d'avoir un plateau de ce niveau. Mais j'ai compris de suite que ça se ferai sans moi, avec un premier kilomètre en 2'45. Ils étaient chauds ! Moi je suis vraiment déçu, dégoûté. Mon chrono (31'39) n'est pas bon. Ce chrono, je le fais une fois par semaine à l'entraînement » L'arinthodien digère et pense désormais à Albi avec un objectif : prendre une des places offertes pour les France elites de Valence (8-10 juillet).
(Source : Le Progrès / Jean-Philippe Cavaillez)