Transju'Trail 2010 (résultats, CR ...)

Les larmes de Gaëlle


Gaëlle Tannière n'avait jamais disputé le 70 km / Philippe Trias

Sur la version féminine du 70 km, la victoire semblait promise à Anne Valero, habituée des succès de prestige ces derniers années aux quatre coins de France.

La Mancelle a cependant été trahie par son organisme. Victime d'ennuis gastriques dès les premiers kilomètres, elle devait se résoudre à l'abandon peu avant Morbier.

Ses déboires ont fait le bonheur de Gaëlle Tannière qui coupait la ligne d'arrivée en pleurs à Lamoura pour sa première victoire sur la Transju'trail . En tête depuis le départ, la Doloise avait une motivation intérieure bien à elle : « J'ai couru pour ma fille Garance. Il y a dix jours je me suis blessée à la cuisse et je ne pensais vraiment pas gagner. Mais je dédie cette victoire à ma fille de 5 ans qui m'a poussée à venir. J'avais déjà fait le petit format de 34 km en 2009 et je n'ai jamais pensé à gagner les 70 km. Mais il faut croire que ma blessure m'a fait sortir de mes gonds. Tout s'est d'ailleurs joué au mental et après la montée du tremplin de Chaux-Neuve, je suis partie vite et j'ai rattrapé pas mal de monde. Puis ma douleur à la cuisse a un peu diminué et j'ai repris confiance. A Morbier j'étais en bien puis après un petit moment de doute à Prémanon au moment d'aborder la Sambine, j'ai pris contact de la montée des Auvernes qui est dure à gérer car vers la fin du parcours, j'ai repris un rythme très roulant. J'étais même étonnée d'avoir gagné car je ne suis pas experte sur les 70 km. Mais j'étais dans un état second. Je fais aussi du cross et mon prochain objectif ce sont les championnats de France. En tout cas, l'organisation semble bien rodée et le tracé innove chaque année c'est toujours aussi beau sous le soleil ! »

Un Perrignon grand cru

Après plusieurs tentatives, le Pontissalien a enfin inscrit son nom au palmarès. Deuxième, le jeune Thevenard incarne une brillante relève


Depuis hier aux alentours de midi, la collection personnelle d'Arnaud Perrignon affiche complet. En s'adjugeantla troisième édition de la Transju'trail, le Haut-Doubiste rafle en effet la dernière épreuve du secteur qui manquait encore à son copieux palmarès et conforte encore un peu plus son rang d'incontestable n°1 franc-comtois.

L'homme de Nods était donc logiquement tout sourire en coupant la ligne d'arrivée avec plus de sept minutes d'avance sur une concurrence, il est vrai sensiblementmoins relevée que lors des deux premières éditions. « Il manquait effectivement Christophe Malardé (ndlr : double tenant du titre) qui peut-être considéré comme un cran au-dessus sur ce type de course. Mais vu la préparation qui a été la mienne depuis l'hiver dernier, je pense sincèrement qu'il y aurait eu une vraie bagarre avec Christophe s'il était venu cette année. En tout cas, avec mon temps d'aujourd'hui, je fais quand même dix minutes de mieux que Dawa Sherpa qui avait terminé deuxième l'an dernier... »

En bouclant les 70 kilomètres en 6h23'46 (contre 6h20'48 pour Malardé en 2009), Arnaud Perrignon s'impose en effet comme un vainqueur tout à fait digne de la jeune histoire de la Transju'trail, une épreuve qu'il avoue avoir préparer spécifiquement cette année. « Cette saison, je me suis fixé deux objectifs compatibles : la Tranju'trail d'abord puis le Marathon du Mont-Blanc à la fin du mois. Je me suis entraîné dur cet hiver dans le froid et la neige mais ça paye maintenant. »

Le Haut Doubiste avoue pourtant avoir « psychoté » au moment du départ en raison d'une gorge douloureuse.Laissant les rênes de la course à Lucas Humbert jusqu'à Morbier (30e km), il héritait ensuite du commandement sans réellement le rechercher. « Je n'étais pas pressé parce que sur les ultra-trails, je sais que c'est dans la deuxième partie de course que ça se joue. A Morbier, je me suis retrouvé seul et je me suis dit que je devais être sur un bon rythme. Je me suis donc attaché à le conserver en sachantq ue sur ce type d'épreuve, l'ennemi ce sont les changements de rythme permanent. » Restait ensuite à négocier la Montée de la Sambine (60e km), ultime grosse difficulté qui lui avait été fatale lors des précédentes éditions. « J'ai réussi à la monter en courant et ça prouve que j'ai énormément progressé sur ces distances là.»

En pleins progrès également, son dauphin Xavier Thevenard. Révélation de la Transju'trail 2009, le fondeur de Bellegarde revenait cette année avec un statut d'outsider pas évident à assumer du haut de ses 22 ans. « L'an dernier, j'étais venu pour voir parce que je n'avais aucune idée de ce que je valais sur ce genre de course. Cette fois j'avais un vrai objectif : améliorer ma 7e place de 2009. Je suis donc plus que contentde moi ! ». Le jeune homme a a parfaitement géré sa course dans la course avec un Lucas Humbert finalement troisième après un départ canon. « J'avais les jambes mais elles m'ont abandonné au niveau de Bellefontaine (25e km). Xavier m'a doublé et ensuite, j'ai serré les dents jusqu'à Prémanon où les sensations sont un peu revenues. Troisième dans ces conditions, c'est presque exceptionnel ! Mais de toute façon, ma saison est axée sur la préparation de l'Ultra Trail du Mont-Blanc fin août. »

Le genre d'épreuve qui pourrait parfaitement convenir à Guillaume Millet. Pour sa première expérience entre Mouthe et Lamoura, le Morberand a souffert sur un parcours beaucoup trop roulant à son goût. « La course passait à 50m de chez mes parents, j'ai voulu me faire plaisir et je savais que j'allais le payer ensuite. » Longtemps 4e, le quadragénaire vivra une seconde partie de course plus laborieuse, dépassé par l'Alsacien Grunewald. « Je termine 5e mais le classement n'était pas le plus important. L'essentiel, c'est de pouvoir courir dans ce beau paysage jurassien. »

(source : Le Progrès / Stéphane Cléau)

La revanche de Binet

Le haut Jurassien a vécu une course folle hier

Depuis deux ans, Nicolas Binet jouait de malchance sur le 34 km et avait collectionné les places de second. Cette troisième édition de la Transju'trail était donc l'occasion pour le haut Jurassien d'enfin inscrire son nom au palmarès de l'épreuve. « J'avais décidé de faire mieux et j'ai senti dès le départ que cela marcherait. Je suis parti moins vite que les autres fois et je suis resté en tête avant Les Rousses jusqu'à la Roche Brûlée. Puis j'ai été rejoint par un petit trio qui courait le 70 km qui m'ont laissé. Puis j'ai reperdu jusqu'à me retrouver en 7e position.

La boule au ventre, j'ai réussi à remonter tout seul jusqu'à me retrouver deuxième à Prémanon avec Florian Béliard. Il a fini par coincer et après j'ai géré et pris le large. Avant je faisais des courses hors stade et le trail, c'est totalement autre chose, il faut s'entrainer autrement.

Renée Grenard avait des ailes

Sylvain Thouverey, l'entraîneur du Ski Club Mont Noir, savourait sa place de dauphin pour sa première course de la saison: « Je suis parti sans repères et j'ai du en garder sous la semelle pour bien gérer à Prémanon où j'étais 8e ou 10e. Et au Boulu, j'ai rattrapé pas mal de monde. »

Chez les dames, c'est l'expérience de Renée Grenard qui a joué devant sur ses terres et encouragées par le public. «J'ai assuré et je me voyais mal partie avec des crampes mais dans les escaliers du lycée, j'ai été très encouragée alors cela m'a donné des ailes. Puis j'ai rattrapé Coralie Ferreux au deuxième ravitaillement et bouclé le trajet .»

A ses côtés Lauriane Faullet-Moreau (Passy) prend la deuxième place malgré une chute .

(source : Le Progrès / M.N. Morel)

La Dôle en point de mire

Avec quelque 720 inscrits, la Transju'trail 2010 a rompu de façon assez nette avec la logique de progression qui était la sienne depuis sa création en 2008 (932 inscrits en 2009). Une tendance à la baisse qui s'explique par la concurrence massive qui règne désormais dans le petit monde du trail (une bonne trentaine recensés dans toute la France rien que pour ce premier week-end de juin) mais également un certain essoufflement après seulement trois éditions. « Les trailers sont des gens qui aiment le changement, admet sans peine William Trachsel, le coordonnateur de Trans'Organisation. Et face à cela, nous souffrons d'un double handicap : le parcours que nous proposons est trop roulant pour les vrais spécialistes et dans sa configuration actuelle, il a sans doute atteint ses limites. »

Alain Paget et Franck Gilard, les deux concepteurs de la Transju'trail, planchent déjà sur une édition 2011 qui pourrait mettre à son programme la mythique ascencion de la Dôle, le second plus haut sommet du massif jurassien avec ses 1677m d'altitude.

Une nouveauté qui donnerait à coup sûr un souffle nouveau à l'épreuve mais qui ne sera pas simple à finaliser puisqu'elle conduirait le tracé à faire une boucle en Suisse. « On est actuellement en train de faire les démarches administratives mais je ne suis pas sûr que les autorisations soient plus compliquées à obtenir en Suisse qu'en France, assure William Trachsel. Le but est en tout cas de proposer la Dôle dès le printemps 2011. »