J'ai donc couru l'UTAT
2013, donné pour 105 km et +6500m
Ma course en chiffre :
23h50min ; 4,4 km/h ; temps d'arrêt : 2h ; 42° au scratch (et pour une fois sur la même feuille de résultat que les premiers !
Une moyenne de :
de jour : 8 km/h sur les 40 premiers km ; 3,5 km/h sur les 15 suivants et 6 km/h sur les 20 suivant
et puis de nuit : 2,5 km/h sur 10 km et 3,7 km/h sur les 20 derniers km
donc 75 km de jour à 5,4 km/h de moyenne et 30 km de nuit à 3 km/h
C'est un ultra très difficile, avec des endroits à traverser où il faut vraiment s'engager (Altitude, vent, nuit, brouillard, passage dangereux …) et surtout des endroits bien isolés (pbs d'arrivée des secours et du rapatriement)
Les sentiers y sont très cassants, avec beaucoup de pierres, sauf sur les 30 premiers km où figurent beaucoup de grandes pistes
La concentration doit rester maximale, et ce même quand la fatigue arrive : il faut s'arrêter pour admirer le paysage pour ne pas risquer la chute, il faut toujours rester attentif au balisage qui consiste à des petits ronds de peinture rouge ou blanche réfléchissante pour la nuit
bref, beaucoup d'énergie consacrée à la vigilance
et si on ajoute la chaleur de jour, le froid et le vent la nuit, la solitude, les ravitaillement très espacés gérer cette course s'avère ma foi bien compliqué !
Et puis, un passage dangereux : après l'ascension d'un col à 3400m d'altitude, le parcours continue à grimper raidement jusqu'à 3660 m sur le point culminant du tracé ; ensuite, la descente débute, elle nous fera dégringoler 1300 m de dénivelé avec un passage avec des cordes logeant un précipice qui débouche sur un pierrier fort pentu dans lequel serpente le « sentier »
et pour moi, cela de nuit et sous le brouillard !
Le départ a lieu à 6h, en compagnie de Bouli sur une piste large et plate durant quelques km ; nous nous faufilons petit à petit dans les espaces laissés par nos coéquipiers du jour. Bouli en profite pour filer lorsque la pente devient plus raide alors que je me mets à marcher ; je le rattraperai plus loin, toujours sur un piste en descente qui serpente agréablement ; nous sommes aussi en compagnie de Pierre, ex collègue de Lucas et l'ambiance est au beau fixe : traversée de village sous les encouragements des gamins, séances de vidéos, déconnade … Mais le ravito n°1 et la séparation des parcours entre 105 et 42 nous sépare déjà.
Changement donc de coéquipier et là, je retrouve Didier, coureur nantais de l'UTTJ1 que j'ai pris plaisir à retrouver la veille ; hélas, le coco est trop rapide pour moi et je le laisse s'éloigner ; il me servira de point de mire pour garder un peu le rythme sur une belle piste qui nous mène vers les premières grandes difficultés ; je pointe à ce moment là à la 46° place
Justement, la première difficulté s'annonce difficile pour moi avec un gros coup de mou : je pense m'être emballé sur ces 30 premiers km sans me ravitailler efficacement : la sentence est immédiate !
En gardant mon calme, en prenant le temps de manger suffisamment, en montant d'un rythme lent mais régulier, je retrouve les sensations qui me font repartir de l'avant dans l'enchaînement des deux difficultés suivantes qui me meneront à Azib Likemt (1° base de vie au km 68)
A noter que du 30° km au 68°, pas de ravitaillement donc pour moi, remplissage des gourdes dans les rivières en ajoutant des pastilles de purification
La soupe au pâte est bienvenue, partagée avec avec Jérôme (encore un UTTJiste) et il faut bien se refaire car la difficulté du jour s'annonce : un premier col à 3100m, puis une descente sur -300m, une autre col à 3400m et une ascension à 3660 m
C'est une course contre la nuit, que je trouverai un peu avant le col à 3400m, avec en plus le vent, le froid et la brume qui m'imposeront à sortir la veste (ce que je fais rarement en course lorsqu'il ne pleut pas)
Je ne m'arrête pas à la tente du col (je sais que ce n'est pas bon pour le mental) et je continue cette ascension vers le point culminant qui n'en finit pas ; je n'ai froid qu'aux mains, je monte très lentement et régulièrement mais le frontales me précédents indiquent toujours qu'il reste encore du dénivelé
Enfin le sommet, un passage vers le PC 10 qui nous recommande la prudence dans la descente à venir et nous annonce 1h30 pour la base de vie et le PC 12 de Inlil (je mettrai en fait 3h30 mais je pense qu'il a voulu parler du PC11 se situant à mi descente)
Bref, dans cette descente, j'ai eu tout de même l'impression de risquer un peu ma vie : passage de corde bordant un précipice et pierrier très raide dans lequel je me suis dit que c'était aussi bien qu'il ne fasse pas jour ! Avec en plus des coureurs en amont et le risque de chute de pierre !
Bref, heureux de m'éloigner de ce passage sans bobos ; il fut alors difficile mentalement de se rendre compte au PC11 que la base de vie de Imlil est encore bien loin : c'est ici que j'ai vu s'envoler mon projet de finir aux alentours des 21h
C'est à 00h30 que je pu enfin manger une assiette de pâte, dans une base de vie à l'ambiance bien terne dans laquelle je décide de ne pas m'attarder : je refais le plein de réserve alimentaire, un coucou à Yan, triple UTTJiste qui m'avoue avoir bien des difficultés à avancer sereinement et je repars seul dans la nuit, pour 5h de solitude avec pour objectif les 24h de course
Ce sera le mental plus que les jambes qui me fera réussir cet objectif, prenant chaque difficulté au bout le bout, ascensions sans pause et régulières, descentes prudentes, portions plates au pas de charge …
C'est une frontale se rapprochant un peu trop à l'arrière qui m'a fait accélérer dans la dernière ascension : cela restera la sensation de cet UTAT avec le passage du dernier col sous les drapeaux rouges du Maroc flottant au vent et l'apparition du Camp de base d'Oukaimeden !
Mon dernier kilomètre coïncidera génialement avec l'appel de la prière de la mosquée du village et qui donna une ambiance tout a fait appropriée pour une arrivée dans ce magnifique Maroc
Cyrille, grand patron et notre speaker complétèrent cet accueil qui se termina dans la grande tente des repas dans laquelle je restai les heures suivantes, refaisant quelques réserves et jubilant d'arriver au bout de cette aventure hors du commun ...
Vivement la saison 2014 ...