Gestion de l'inter-saison en trailLes modalités de gestion de la fin da saison doivent varier d’un individu à l’autre selon son passé, son vécu, les compétitions auxquelles il a pris part… mais elle doit respecter quelques principes.En premier lieu, un vrai moment de coupure totale allant de 2 à 3 semaines, parfois plus. Cette période permet au sportif de se régénérer mentalement et physiquement même si, au plan physiologique pur, quelques désadaptations interviendront.
L’intérêt majeur sera pour l’athlète de vivre plus au niveau social et d’avoir pour sa famille, ses amis… une vraie période sans course à pied du tout. L’athlète qui ne peut pas couper 3 semaines doit vraiment s’interroger…
Doit-on faire un sport porté (natation, vélo…) durant cette période ? On peut, mais alors ce n’est pas une coupure, je réponds donc clairement NON !!! Ces principes s’appliquent plutôt aux semaines qui suivent les trails en pleine saison et/ou en cas de blessure. Une coupure est une coupure et il ne faut rien faire, votre femme (ou votre mari) vous remerciera !
Je citerai en exemple, pour les plus réticents, Thomas Lorblanchet, récent triple vainqueur des Templiers et Champion du Monde de Trail en titre, connu pour sa justesse dans le ciblage des objectifs et la rareté de ses blessures.
L’an passé, fin octobre, j’avais trouvé Thomas un peu saturé et surtout avec une blessure chronique (pubalgie depuis la CCC qui avait altérée sa préparation aux Templiers 2009). Je lui ai conseillé 6 semaines de coupure totale, Thomas s’y est plié sans soucis profitant de sa famille sereinement. Personne ne m’a dit l’avoir croisé à la piscine, au stade ou encore caché sous un casque, j’en déduis qu’il a parfaitement joué le jeu…
Sa saison 2010 avec 7 victoires sur 8 courses (et une 2ème place à la Swiss Alpine derrière le futur vice champion de monde de 100 Km) prouve que ces longs breaks ne doivent pas faire peur. Remis de sa blessure et le moral à 100%, Thomas a pu préparer l’UTMB plein d’envie et arriver à 100% fin août… ce qui lui a permis d’arriver aux Contamines sans soucis !!!!!!!
Cette saison, à l’inverse, Thomas a terminé les Templiers « en souplesse » et veut être en forme début décembre à San Francisco, sa coupure sera donc seulement de 8 jours et nous referont de même début décembre avant d’enchaîner sur les cross. C’est à l’entraîneur de trouver la meilleure solution en adéquation avec l’état physique et psychique de l’athlète.
Pour les plus perfectionnistes, cette période peut être propice à la prise d’un draineur (par exemple Natural draineur chez Platinium Nutrition) afin de retrouver des fonctions hépatiques et digestives optimales.
Avec recul sur 20 ans de sport, en triathlon en particulier, j’ai pu m’apercevoir d’ailleurs que les sportifs qui coupaient vraiment étaient aussi ceux qui « duraient », le plus, tout en maintenant un état de santé optimal et une vie sociale très correcte… et ce ne doit pas être une coïncidence !
Dans un second temps, passé cette période de coupure totale, l’athlète doit reprendre sur 15 jours en souplesse où footing et lignes droites ainsi qu’une légère PPG (préparation physique générale) seront son quotidien. Très vite il faudra revenir à un travail qualitatif (VMA en particulier, côtes très courtes…) pour retrouver des qualités de coureur souvent érodées par les longs footings en chemin.
A l’intérieur de cette phase hivernale un vrai test VMA peut être l’occasion de faire le point, de ne pas se mentir…, de travailler juste et d’orienter son entraînement d’une façon adéquate. Pour ceux qui courent seul, un petit test VM5’ démocratisé par Bruno Heubi dans son remarquable ouvrage « Courir longtemps », sur piste ou avec un GPS donnera aussi des indications fiables. Pourquoi d’ailleurs ne pas le faire, GPS au poignet, dans le chemin où vous faites vos VMA, vous aurez alors un vrai test de terrain utile et précis.
Cette deuxième phase doit durer environ 2 mois et sera idéalement couplée à des petits cross ou compétitions ludiques (un trail hivernal peut rentrer dans ce cadre). Lors de cette période les sorties longues (> 1h45’) seront exclues afin d’affiner la régénération, par contre les sports portés (VTT, ski de fond, roller, natation…) pourront apporter un net surcroît foncier tout en laissant les articulations et les tendons retrouver leur intégrité. Si Kilian Jornet « survit » encore
sportivement parlant, c’est probablement grâce aux quelques mois de ski alpinisme hivernaux durant lesquels il ne court pas…
Enfin, au bout de ces 3 mois salvateurs (coupure + 2 semaines de reprise + 2 mois « qualités » du coureur) on pourra revenir à une préparation trail et réintroduire le dénivelé, les rando course, les premiers trails arrivant petit à petit et dans une logique de kilométrage progressive.
En résumé :- Une santé préservée.
- Une vie sociale plus épanouie.
- Un retour aux fondamentaux de coureur à pied et donc des progrès ensuite.Les avantages d’une vraie coupure sont incontestables sans parler de la régénération psychologique
bien sûr, ce n’est pas les quelques pourcentages perdus au seuil ou à VMA qui doivent vous faire culpabiliser.
Alors bonne coupure à tous et bon hiver c’est là que les courses se gagnent… et souvent se perdent.
Par Patrick Bringer
Manager Team Platinium Nutrition Compressport
Fondateur site coaching en ligne 2EP
(Entraînement Equilibre Plaisir et Performance)
http://patrick2ep.onlinetri.com/Vice champion de France de Trail 2010